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Fédérations sportives: Tout à revoir…

En attendant la fameuse loi sur les structures sportives ( un projet ridiculisé par les différents ministres des Sports qui ont défilé ces dernières années), les fédérations sportives tunisiennes continuent de fonctionner selon un mode hybride et incompris : du classique avec des tâches techniques et administratives conservées depuis des années , et un peu d’innovation avec le mode de budgétisation par objectifs qui doit remplacer l’ancien mode basé sur les trois titres. Dans tout cela, le management de ces fédérations sportives reste centralisé (trop), limite amateur, limite mécanique avec des opérations qui se répètent et de lourdes et ennuyeuses procédures. Beaucoup de temps perdu, du travail bâclé dans certains cas, et une organisation classique et inefficiente où les sportifs, véritables projets de ces fédérations, se trouvent en manque de moyens et de bon encadrement. On suit depuis des années ce qui se passe dans toutes les fédérations des sports collectifs ou individuels, et on vous assure que ce sont presque les mêmes tares et les mêmes dépassements. Les mêmes insuffisances qui se répercutent sur la qualité de l’ « output » sportif et bien sûr administratif. L’un des chantiers sur lesquels on doit trouver un épilogue, la gouvernance de ces fédérations. Qui dirige ? Qui assume la responsabilité ? Qui veille à la transparence ? Qui assure le développement durable et la bonne affectation des ressources (dont une grande partie issue de l’argent public) ? Qui réfléchit avenir de l’élite et de l’infrastructure sportive ? Malheureusement, et dans ce qu’on remarque aujourd’hui, les fédérations se sont transformées en des « PME » sportives familiales où les fils et filles, les proches, les amis sont les bénéficiaires de la « sollicitude » du président de la fédération. Les élections apportent un nouveau bureau fédéral en théorie, mais en réalité, elles apportent un nouveau président qui a tous les pouvoirs en main et qui apporte, lui, des gens dociles et obéissants à ses ordres. On a donc un chef d’entreprise ou d’association qui fait tout seul : exposé des problèmes, choix du staff technique, gestion de l’élite, choix des partenaires, politique de communication ( certains médias complices se mettent à travailler son image) et suivi. Les autres ne font que suivre les ordres et halte à celui ou celle qui réclame le droit de participer à la décision ou le droit de donner un avis contraire ! Les exemples sont nombreux de ces membres fédéraux « petits » et manipulables à distance. Un management centralisé, peu créatif, exploiteur sans grande efficacité. Dans certains cas, le président de fédération est bailleur de fonds (bailleur lui-même ou à travers des alléchants contrats de sponsoring), ce qui donne l’impression que cette fédération va très bien. Alors qu’en réalité, les outils de contrôle et de la bonne gouvernance sont oubliés et les performances sportives sont très moyennes. Il ne suffit guère de créer un surplus financier, mais faut-il aussi gérer mieux et plus collégial avec des « garde -fous » obligatoires. La solution ? C’est en premier lieu, revoir le mode de scrutin en permettant à l’Etat, responsable des droits des Tunisiens, de légiférer dans le domaine sportif. Les clubs, complices avec les présidents des fédérations, vont toujours concocter un mode de scrutin sur mesure. Si cela change et que l’on impose des règles d’éligibilité plus strictes concernant le profil des candidats, on finira avec les élections fantoches que l’on voit. Autre point, le fonctionnement des bureaux fédéraux doit changer. Ce n’est plus normal de voir des illustres inconnus débarquer pour compléter une liste et disparaitre après deux mois. Dans les principaux bureaux fédéraux, on a au mieux, la moitié qui exerce et les autres qui ne viennent que pour poser lors des compétitions et des points de presse. Qu’on arrête aussi cette mainmise des présidents de fédérations qui font ce qu’ils veulent. Et malheureusement, chaque ministre des Sports qui vient, ne fait que rentrer dans le jeu macabre et les tactiques suspicieuses et rodées des présidents des fédérations. En réalité, ces présidents de fédérations sont plus pesants et influents à travers les réseaux entretenus depuis des années avec les clubs, qu’un ministre des Sports. Du coup, la pyramide de fait est une pyramide inversée : les présidents de fédérations ont dans la poche les rouages d’un sport donné, et réclament toujours des budgets auprès d’un ministère qui n’a pas le droit de donner un avis ni de contrôler ce qui se trame ! Une comédie noire à laquelle on assiste impuissants et ça n’a pas l’air de changer. La chaîne va jusqu’au Cnot où ces présidents de fédérations jouent d’autres jeux de pouvoir et de coulisses. Le coronavirus a reporté des élections du Cnot. Et on a donc reporté une guerre entre présidents de fédérations pour former des clans et rester au pouvoir. On vous a signalé que c’est une chaîne et des intérêts machiavéliques de gens qui ont usé du sport pour se faire des noms, de la notoriété internationale, de l’argent, du relationnel et des avantages pour leurs proches et amis, au détriment du sport et des valeurs qu’ils défendent en public et qui jouissent de les bafouer chaque instant sans être rassasiés.

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